John Henri Fuseli, The nightmare
Cela faisait plusieurs nuits qu'elle ne trouvait pas aisément le sommeil et que, agitée par je ne sais quel démon, elle cauchemardait. Etait-ce à cause de la Lune qui arrivait dans son dernier quartier, en raison du retour inopiné de l'automne ou de ses lectures fantastiques, elle n'en savait rien.
L'horloge et son bruyant tic-tac indiquait minuit, Osiris ronronait près d'elle savourant ces instants de chaleur et de tendre complicité. Elle posa le gros volume des contes d'Edgar Allan Poe sur son chevet, se tint à la fenêtre et mira la nuit froide et lugubre. Elle prit soin de sortir le chat après fortes caresses et se glissa volupteusement sous les draps.
Aussitôt parvint-elle à s'endormir qu'elle entendit son réveil-matin chuchoter des sons indicibles comme sortis d'outre-tombe, puis un sifflement léger mais constant l'accompagnit. D'abord pragmatique, elle ébranla le sonneur puis se rendormit. Ce fut le tour du chat qui griffant la porte, la réveilla, le réveil sifflait et marmonnait toujours. L'air s'alourdissait subrepticement, son coeur commençait à battre plus rapidement, une goutte de sueur lui glaça le dos, elle avait peur. Une brise piquante et glacée s'engouffra par la fenêtre. Elle souffla à Osiris de cesser ses crissements et s'endormit à nouveau. Mais le chat continuait de gratter, et tâchait maintenant de pousser la porte en glissant sa tête dans l'interstice. Elle se leva hors d'elle et de plus en plus mal à l'aise, elle le gronda, le chassa du pied. Le téléphone se mit à sonner, elle regarda l'heure, 2 Heures ! Elle répondit, personne. Elle écoutait le bip régulier comme une danse macabre. Elle retourna au lit, mais le têtu chat ne la laissait pas en paix, elle tenta encore de le calmer sans y parvenir, épuisée elle se surprit à des accés de violence envers son compagnon félin, mais chaque fois qu'elle s'alitait, il reprenait de plus belle. Elle finit par voir rouge ... Elle le saisit par le cou, le secoua violemment, tonna, gueula vociféra puis murmura ce qui n'eut d'autre effet que d'arrondir, ébahis, les yeux du chat. Des bouffées de haine l'envahirent, elle agita tant Osiris que dans un miaulement étouffé, elle cru le tuer. Elle chancela.
Le téléphone sonna à nouveau, c'était Maria qui totallement ivre, ne s'était pas rendu compte de l'heure tardive et l'appelait pour connaitre le nom d'un groupe qu'elle lui avait fait découvrir.
_ Fever Ray. Je retourne me coucher.
Mais avant cela, elle appela Osiris, le chercha dans tous les coins de la petite maison et le trouva dormant paisiblement sur le faît de l'armoire. Merci Maria, il ne s'agissait que d'un nouveau cauchemar.