Une boule jaune chatouille mon sommeil
S'allonge sur mon corps en roulant l'éveillant
Et déroule le drap, enveloppe vermeille
De ma fuite nuptiale au beau jour préludant.
Un joint d'herbe au jardin, un chocolat matin
Et me voilà partie sur la bleue électrique
Où la larme goudron me piste le chemin
Scuintant des sons, des gens, ... mon sentier prophétique.
A mon dos la sacoche est légère de rêve,
Sur le croissant de route mon pouce va au ciel,
Auréolé de chance il m'attire une trève :
Un chauffeur gai-luron à la verve de miel.
Déposée de son aile en un lieu inconnu
Je prolonge ma marche, sifflottant Dylan
D'azimutales oeillades enfilent cette vue
Et perce une longue sente à la beauté diaphane.
De bruyère et de pierre, la colline au layon
Donne une ombre agéable et la voie le bordant
Des saluts imprenables. Elle surplombe, émotion
L'émeraude vallée au dormeur ravissant.
Goutellée de soleil et la bouche asséchée,
J'atteins enfin Avranche où la fraicheur de l'eau
Se lie au doux parfum de la crème glacée
Que je vais déguster dans la ruelle hublot
Où digérant, fumant, un vieil homme vient à moi
Et parle guilleret de ses anciens voyages.
Il me faut accrocher une nouvelle croix
A mon chemin poussière au si joli sillage.
Granville : halte voisine, escorte : une piplette
Le fourgon pour Coutances sent le cigare agé
Enfin triste Francis, routier en salopette
M'abandonne en campagne et je termine à pied.
Chantonnant les Beattles sur le trait famillier
Bordé de primevères; un bouquet souvenir
Me pousse sur l'ultime pente. Déjà grisée
J'apperçois mon havre, rose cocon. PARTIR ...